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samedi 21 juin 2014

La démocratie, c’est difficile


Pour bien faire, mille jours ne sont pas suffisants, pour faire mal, un jour suffit amplement. Proverbe chinois
Il y a parfois des expériences dans la vie qui vous ouvrent les yeux. N’étant pas née de la dernière pluie, j’ai déjà vécu bien des choses et connu bien des déconvenues. Les amis qui n’en sont pas, les gens sur qui vous comptiez et qui vous laissent tomber sans explication.... Le mensonge et l’hypocrisie sont présents bien plus souvent qu’on ne le croit. Sans devenir ni parano ni cynique, il convient d’ouvrir l’œil et le bon et surtout ne pas systématiquement faire confiance.

C’est ainsi que j’ai récemment pu faire l’expérience in vivo du fonctionnement - or lack thereof - de la démocratie. On s’exaspère face à des Poutine ou des Mugabe qui s’accrochent au pouvoir, on soupire avec condescendance face aux urnes bourrées dans les républiques bananières, mais on retrouve tout cela dans de mini-sociétés constituées juste à côté de chez nous. Je songe en particulier à une certaine association qui offre une véritable observation digne d’un laboratoire de sciences politiques.

Le mot «association» signifie, en principe, qu’un groupe de gens s’allie pour construire quelque chose ensemble. Mais certains, surtout s’ils sont membres fondateurs, estiment que l’Association est leur chose, qu’elle leur appartient et que les autres ne sont là que pour être à son service, bénévole, cela va de soi. D’autant plus si ladite association a pour seul but de promouvoir la carrière d’une personne proche de son propriétaire. A l'heure actuelle, on peut lire sur internet que l'association est dirigée par sa Directrice artistique. Pendant ce temps-là, le Comité fait tapisserie.

L’Association de droit suisse, pour pouvoir profiter de soutiens financiers suisses et de coups de pouce de la Ville de Genève, doit bien évidemment être domiciliée à Genève, même si son propriétaire habite en réalité dans le Grand Genève, c-à-d en France. C’est ainsi qu’elle cherchera une personne bienveillante qui voudra bien offrir sa boîte aux lettres, du bon côté de la frontière. Jusque-là, pas de problème, ce sont des arrangements très courants et pas bien méchants, pour autant que Madame Boîte-aux-Lettres soit quelqu’un qui participe à la vie de l’Association. Madame est même si gentille qu’elle permettra qu’on utilise un scan de sa signature pour les nombreux dossiers de demande de subvention.

Selon le droit suisse, le Président d’une association doit être domicilié en Suisse. Jusque là, le droit est respecté. Là où ça se corse, c’est quand Madame la Présidente, celle qui prête sa boîte aux lettres, se rend compte que toutes les décisions sont prises dans son dos. Ça devient carrément désagréable lorsqu’on lui demande d’entreprendre des démarches, comme d’annuler le contrat d’un artiste, alors qu’elle ne sait pas du tout ni de qui, ni de quoi il s’agit. Un peu comme un ministre qu’on enverrait à une conférence de presse sur la crise au Mali, alors qu’il n’a participé à aucune des réunions stratégiques ayant mené à ladite crise. C’est alors que la Présidente décide de prendre les choses en main. Et c’est alors que tout commence à déraper.

Ses tentatives d’investigations se heurtent à un mur. La propriétaire de l’Association n’aime pas qu’on se mêle de ses affaires. Certes, mais toute association a un Comité, une sorte de parlement miniature, qui devrait discuter du bon fonctionnement des opérations, notamment du point de vue budgétaire. La Cheffe, qui estime que l’Association lui appartient, est une personne très sensible et très émotive. Elle se mettra à pleurer dès qu’on la contredit et dira ne pas comprendre pourquoi on l’attaque. Il ne sert à rien de lui expliquer que les questions posées sont légitimes, car elle refuse d’entendre. C’est alors que s’instaure un réseau de résistance plus ou moins clandestine, avec échanges de mails et rendez-vous de discussion, qui sont immédiatement perçus comme de la conspiration et des tentatives de coup d’Etat, même si la Cheffe est parfois présente. Le clan de Madame Chef, seule Propriétaire de l’Association, recourt alors à la stratégie du mensonge et de la calomnie, en faisant passer l’opposition pour des intrigantes et des conspiratrices.


La Présidente, à partir du moment où elle a découvert que sa signature avait servi sur divers courriers dont elle n’avait aucune connaissance, ainsi que sur une quarantaine de contrats - sur lesquels il est écrit «Fait en deux exemplaires», alors qu’il y a trois signatures et dont elle n’a, bien évidemment, reçu aucune copie - décide de contrer les tentatives de diffamation en choisissant la politique de la glasnost, autrement dit, de la transparence. Tout le contraire du complot, des manigances et de la déformation grossière.

Elle donne sa version des choses aux personnes qui risqueraient de prendre pour argent comptant ce que raconte Madame Chef, puisqu’ils la connaissent depuis longtemps et la prennent pour une personne correcte et respectable. La Présidente trouve particulièrement injuste et paradoxal qu’elle n’ait pas le droit de savoir ce qui se passe, alors même qu’on appose sa signature sur des courriers, sans qu’on ne juge utile de lui demander son avis. La Cheffe, se sachant en tort, a tout d’abord trouvé un Bouc Emissaire, qu’elle a envoyé au bûcher, sous les hourras de la foule. Mais maintenant que le Bouc est parti depuis plusieurs mois, il lui devient plus difficile de défendre sa gestion dictatoriale des choses. La Présidente fera une parfaite victime pour lui succéder. Peu importe que celle-ci ait réussi à rassembler des fonds, au-delà de tout ce qu’on pouvait espérer, pour financer un projet pharaonique dont la Cheffe refuse d’assumer la responsabilité. Elle n’a jamais consulté son Comité, alors à qui la faute? Au Bouc Emissaire, bien sûr, à qui elle avait donné les pleins pouvoirs. Enfin, selon elle....



Notre dictature miniature n’a pas eu recours aux pots-de-vin, car il faut des moyens pour cela. Quant aux fausses factures, il y en a sans doute eu, on pourrait presque le prouver. Les budgets sont établis avec pas mal de créativité et d’inventivité, toujours dans le sens des dépenses somptuaires et du déficit chronique. Mais étant donné que le compte postal de l’Association se superpose aux comptes familiaux de la Cheffe, ça n’a pas réellement d’importance. Et, à l'heure qu'il est, c'est le mari de la cheffe qui est le trésorier de l'association, on n'est jamais trop sûr. Et les contrats intéressants et bien payés sont d'office attribués à la copine de la Cheffe, sans appel d'offres ni devis.

La Présidente se dit qu’il faut décidément beaucoup de courage pour être dissident dans des régimes de type Assad ou Kim Jong Un, surtout si on est seul et isolé. Elle est, fort heureusement, entourée de personnes lucides qui voient clair dans les manigances de la Cheffe. Elle recommande à certaines personnes de ne pas trop manifester leur sympathie à son égard s’ils veulent continuer à pouvoir fonctionner dans l’Association sans qu’on ne les attaque, un peu comme autrefois en Allemagne de l’Est. Le plus simple est de baisser la tête et de fermer sa gueule, ainsi, on évite les ennuis. La Présidente recourt au dazibao - le présent billet - pour informer le monde qu’il y a quelque chose de pourri au Royaume de la Cheffe de l’Association. Enfin, elle compte sur la justice poétique pour assurer sa vengeance, qui est, comme chacun le sait, un plat qui se mange froid, voire très froid. Elle n’exclut pas de donner un petit coup de pouce au destin... Ma foi, à la guerre, tous les coups sont permis.



Si quelqu'un t'a fait du mal, ne cherche pas à te venger. Va t'asseoir au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. Proverbe chinois

La justice poétique ou justice immanente est un procédé littéraire par lequel la vertu finit par être récompensée ou le vice puni : dans la littérature moderne, elle prend fréquemment la forme d'une ironie du sort étroitement liée à la conduite, bonne ou mauvaise, du personnage. .... 


Faux dans les titres
1
Celui qui, dans le dessein de porter atteinte aux intérêts pécuniaires ou aux droits d’autrui, ou de se procurer ou de procurer à un tiers un avantage illicite,

aura créé un titre faux, falsifié un titre, abusé de la signature ou de la marque à la main réelles d’autrui pour fabriquer un titre supposé, ou constaté ou fait constater faussement, dans un titre, un fait ayant une portée juridique,

ou aura, pour tromper autrui, fait usage d’un tel titre,

sera puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire.
2
Dans les cas de très peu de gravité, le juge pourra prononcer une peine privative de liberté de trois ans au plus ou une peine pécuniaire.